Hajar Kalakeche, B.Sc., B.Pharm.1, Éric Forget, B.Sc., B.Pharm., M.Sc.2, Marie-France Beauchesne, B.Pharm., M.Sc., Pharm.D.3,4, Nicolas Dugré, Pharm.D., M.Sc., BCACP5,6
1Pharmacienne, Faculté de pharmacie, Université de Montréal, Montréal (Québec), Canada;
2Pharmacien, Faculté de pharmacie, Université de Montréal, Montréal (Québec), Canada;
3Professeure titulaire de clinique, Faculté de pharmacie, Université de Montréal, Montréal (Québec), Canada;
4Pharmacienne, Centre intégré universitaire de santé et de services sociaux de l’Estrie-Centre hospitalier universitaire de Sherbrooke, Sherbrooke (Québec), Canada;
5Pharmacien, Centre intégré universitaire de santé et de services sociaux du Nord-de-l’Île-de-Montréal, Montréal (Québec), Canada;
6Professeur agrégé de clinique, Faculté de pharmacie, Université de Montréal, Montréal (Québec), Canada
Reçu le 28 décembre 2022; Accepté après révision le 24 août 2023
Résumé
Objectif: Évaluer les changements dans la confiance des pharmaciens pratiquant dans des groupes de médecine familiale à effectuer certaines interventions après une formation axée sur leur pratique professionnelle.
Méthode: Une formation longitudinale comportant 11 modules axés sur des thèmes distincts a été préparée. Un module (webconférence interactive) était présenté toutes les quatre semaines environ, à deux cohortes de 30 et de 33 participants.
Un questionnaire d’auto-évaluation portant sur le degré de confiance des pharmaciens à effectuer une intervention ou une activité professionnelle dans différents contextes cliniques a été administré avant la formation et dans le mois qui a suivi. Des analyses descriptives comparant les réponses pré-et post-formation ont été effectuées.
Résultats: Parmi les 63 pharmaciens ayant suivi la formation, 52 ont répondu à au moins un des deux questionnaires et 27 aux deux. Pour les 46 interventions ou activités combinées, en moyenne, 16,7 % des 27 répondants se considéraient déjà, avant la formation, comme très confiants à accomplir les activités demandées, comparativement à 38,8 % en moyenne après la formation. Lorsqu’on compare les pourcentages de répondants se disant très confiants à accomplir les activités avant et après la formation, la différence était statistiquement significative pour 20 activités (valeur de p < 0,05).
Conclusion: Les pharmaciens œuvrant dans des groupes de médecine de famille ont des responsabilités professionnelles accrues, associées à des besoins de perfectionnement professionnel. Ce projet semble indiquer qu’une formation longitudinale spécifiquement créée pour les pharmaciens améliore leur confiance à accomplir plusieurs activités professionnelles.
Mots-clés: Activités professionnelles, formation continue, groupe de médecine familiale (GMF), pharmacien
Abstract
Objective: To evaluate the changes in pharmacists’ confidence in performing activities in family medicine groups following training focused on their professional practice.
Method: A longitudinal training course involving 11 modules dealing with various topics was developed. A module (interactive web conference) was presented approximately every four weeks to two cohorts of 30 and 33 participants.
A self-assessment questionnaire on pharmacists’ level of confidence in performing an intervention or professional activity in different clinical contexts was administered before the training and in the month that followed. Descriptive analyses comparing the pre- and post-training responses were performed.
Results: Of the 63 pharmacists who participated in the training, 52 completed at least one of the two questionnaires, and 27 completed both. For the 46 interventions or activities combined, an average of 16.7% of the 27 respondents already considered themselves very confident in performing the requested activities before the training, compared to an average of 38.8% after the training. When the percentages of respondents who indicated that they were very confident in performing the activities before and after the training were compared, the difference was statistically significant for 20 activities (p-value < 0.05).
Conclusion: Pharmacists working in family medicine groups have increased professional responsibilities for which there are professional development needs. This project suggests that longitudinal training programs tailored to pharmacists improve their confidence in performing a variety of professional activities.
Keywords: Continuing education, family medicine group (FMG), pharmacist, professional activities
Au Québec, la majorité des médecins omnipraticiens travaillent au sein de Groupes de médecine familiale (GMF) qui regroupent divers professionnels de la santé travaillant en étroite collaboration. Au cours des dernières années, un nombre croissant de pharmaciens se sont greffés aux GMF, et leur rôle au sein de ces équipes s’est accru de façon importante1,2. Ils peuvent exercer de nouvelles activités professionnelles, et le contexte de pratique en GMF est propice à la mise en œuvre de telles activités. Selon une étude menée auprès des pharmaciens en GMF, une grande majorité d’entre eux mentionnent avoir besoin de formations adaptées à leur pratique3.
Plusieurs études décrivent différents concepts de formation continue axée sur la pratique de la pharmacie et l’évaluation de l’influence de ces formations4–24. La formation continue peut, par exemple, prendre la forme d’exposés magistraux synchrones ou asynchrones, de séances d’auto-apprentissage, d’ateliers pratiques et de cas de simulation15,16,18,20,22. Plus récemment, des séances d’apprentissage par le jeu ont été intégrées à certains programmes de formation continue en pharmacie et ont été bien reçues20. Les études ne visaient pas spécifiquement les pharmaciens exerçant en GMF, mais elles permettent de guider la création d’une formation propre à cette clientèle. Nous estimons également qu’une formation répétée dans le temps (à l’opposé d’une formation ponctuelle) permet un meilleur développement des compétences des pharmaciens.
Ensuite, plusieurs méthodes ont été utilisées dans les études pour évaluer les compétences des pharmaciens qui avaient suivi une formation : entrevues semi-structurées, questionnaires à choix multiples, questions ouvertes ou fermées, questions de type “vrai ou faux”, résolution de mises en situation et de cas complexes, dissertations, simulations6–10,12–14,16. Pour évaluer le degré de confiance des pharmaciens après la simulation, l’échelle de Likert est souvent utilisée4,7,12,15,16.
Une analyse de la formation continue offerte aux pharmaciens sur le marché québécois a été effectuée par une firme de communication indépendante dans le cadre du positionnement stratégique du Centre de formation continue universitaire en soins et sciences pharmaceutiques (Centre FOCUS) de la Faculté de pharmacie de l’Université de Montréal. Cette analyse a montré qu’il existe peu de formations conçues spécifiquement pour soutenir la pratique professionnelle en GMF. De plus, à l’exception des cours donnant droit à des crédits universitaires, les formations proposées sont généralement ponctuelles, de très courte durée et visent un thème clinique spécifique.
C’est dans ce contexte que le Centre FOCUS a mis au point un concept de formation longitudinale destinée spécifiquement aux pharmaciens œuvrant en GMF. Les principaux objectifs du projet étaient d’évaluer l’effet de la formation sur le degré de confiance des pharmaciens devant accomplir diverses activités professionnelles en GMF et de dresser la liste des thèmes cliniques pour lesquels les pharmaciens sont plus ou moins confiants. Les résultats permettront de réviser la formation dans le cadre d’un processus d’amélioration continue.
Dans le cadre de ce projet, le contenu, le format et l’approche pédagogique de la formation ont été établis en tenant compte de la revue de littérature sur le sujet, des commentaires des participants à la suite des nombreuses formations offertes par notre centre de formation et, enfin, des besoins indiqués par la clientèle cible à la suite d’un sondage. L’ensemble de ces données ont été révisées par deux professeurs de clinique ainsi que par le pharmacien coordonnateur professionnel du Centre FOCUS. Ces derniers ont alors identifié les méthodes pédagogiques et les contenus de la formation. En résumé, la formation comportait 11 modules ou thèmes distincts : 1. Introduction à la pratique en GMF et évaluation critique de la documentation scientifique; 2. Dyslipidémies; 3. Hypertension artérielle; 4. Diabète; 5. Infections; 6. Asthme et maladie pulmonaire obstructive chronique (MPOC); 7. Trouble dépressif; 8. Anxiété et insomnie; 9. Douleur chronique; 10. Gériatrie; 11. Synthèse et révision de cas complexes. Chaque module a été présenté sous forme de webconférence interactive d’une durée approximative de 2,5 heures à environ quatre semaines d’intervalle. Un responsable principal, pharmacien en GMF et professeur de clinique à la Faculté de pharmacie de l’Université de Montréal, animait ou coanimait chacune des webconférences. En effet, des coanimateurs cliniciens experts ont été appelés pour certains des thèmes abordés.
La population cible de ce projet était composée des pharmaciens québécois œuvrant en GMF. La formation a été annoncée aux membres du Réseau québécois des pharmaciens (RQP) GMF ainsi que dans des infolettres et des publications sur les réseaux sociaux du Centre FOCUS. La taille des groupes pour la formation était limitée à une trentaine de participants, le principal objectif étant de favoriser une cohésion et, conséquemment, l’interaction et la participation.
Pour évaluer l’effet de la formation sur les participants, un devis avant-après sans groupe de comparaison a été retenu. Un questionnaire préformation était accessible en ligne avant le début de la formation et devait être rempli au plus tard trois semaines après le premier module. À la fin de la formation, les participants avaient un délai d’un mois pour remplir le questionnaire post-formation, qui visait à évaluer les mêmes éléments que ceux du questionnaire préformation. Les deux premiers groupes de formation se sont déroulés du 9 septembre 2020 au 16 juin 2021 et du 27 janvier 2021 au 8 décembre 2021. Deux courriels ont été envoyés aux participants pour leur rappeler de remplir le questionnaire.
Le questionnaire employé dans le cadre de ce projet comprenait sept sections et 54 questions. Il a été préparé par l’équipe du projet, et sa validité et fiabilité n’ont pas été évaluées. La première section visait à obtenir un profil professionnel des participants (questions 1 à 7). Les sections de deux à six comportaient 46 questions en tout et visaient à évaluer le degré de confiance des pharmaciens à mener des activités professionnelles ciblées en GMF à l’aide de l’échelle de Likert à quatre niveaux : 1 = « pas du tout confiant » 2 = « peu confiant », 3 = « confiant », 4 = « très confiant ». Ces activités comprenaient principalement la prescription et l’interprétation des analyses de laboratoire, l’évaluation de l’efficacité, de l’innocuité et du choix de traitement dans différents contextes cliniques abordés lors des webconférences. La dernière section du questionnaire prenait la forme d’une mise en situation complexe préparée et corrigée par une seule personne, soit le responsable principal de la formation selon une grille de correction préétablie. La mise en situation a été conçue à partir de cas cliniques vus en GMF. L’objectif de la mise en situation était d’évaluer la capacité des participants à trouver des éléments qui pourraient nécessiter leur intervention et de proposer des solutions pour améliorer les résultats thérapeutiques. Finalement, les questionnaires n’ont pas été validés, mais ils ont été prétestés par quatre pharmaciens œuvrant en GMF pour en assurer la clarté.
Les réponses aux questionnaires sur les caractéristiques des participants ainsi que celles des évaluations pré- et post-formation ont été consignées de façon électronique, puis extraites sous forme de fichiers Excel. Le logiciel statistique SPSS a été utilisé pour analyser les données de façon descriptive, à l’aide de moyennes et d’écart-types, de médianes et de proportions, selon qu’il s’agissait de variables continues ou discrètes.
Les proportions de participants ayant répondu « pas du tout confiant », « peu confiant », « confiant » ou « très confiant » à chacune des questions de pré- et de post-formation ont d’abord été établies. Ensuite, les proportions de participants ayant répondu « très confiant » ou « confiant » à chacune des questions avant la formation ont été comparées à celle des réponses après la formation à l’aide du test de McNemar afin de déterminer si la différence était statistiquement significative. Le seuil de signification statistique de la valeur de p a été fixé à < 0,05. L’analyse statistique de base à partir du test de McNemar était possible lorsque les valeurs se trouvaient entre 0 et 100 % en pré- et en post-formation. Le même exercice a été fait pour les participants ayant répondu « très confiant » seulement, et les différences de pourcentage en pré- et en post-formation ont été calculées. Finalement, les proportions de participants ayant augmenté leur degré de confiance d’au moins un seuil, quel que soit le degré, ont été calculées. Il importe de noter que les participants n’ayant pas rempli à la fois le questionnaire pré- et post-formation ont été exclus de l’analyse statistique. Ce projet a été soumis au Comité d’éthique de la recherche clinique (CERC) de l’Université de Montréal, mais a été exempté d’une telle évaluation.
Au total, 63 pharmaciens ont terminé la formation. Ces derniers pratiquaient tous en GMF et ont été répartis dans deux groupes de formation comportant 33 et 30 participants, respectivement. En tout, 52 des 63 pharmaciens ont répondu à au moins un des deux questionnaires et 27 (43 %), aux deux questionnaires pré- et post-formation. Les données liées au profil professionnel des répondants ont été regroupées dans le tableau 1. En moyenne, les répondants exerçaient à titre de pharmaciens depuis environ 11 ans, et leur expérience en GMF ne représentait que le tiers environ de leurs années de pratique. La majorité des répondants occupaient des postes à temps partiel et pratiquaient dans un GMF non affilié à un établissement universitaire. La plupart n’avaient aucune expérience en établissement de santé. Le plus haut diplôme universitaire obtenu était principalement le baccalauréat en pharmacie ou le doctorat de premier cycle en pharmacie (Pharm.D.).
Le profil professionnel des répondants aux deux questionnaires (pré- et post-formation) ressemble à celui des pharmaciens ayant répondu à un seul des deux, si ce n’est que ces derniers étaient plus nombreux à avoir un diplôme de deuxième cycle et pratiquaient davantage en GMF-universitaire (tableau 1). En ce qui concerne la mise en situation, une analyse complète en pré- et en post-formation était possible pour 26 des 27 répondants. Quant au temps nécessaire pour répondre, les répondants ont pris en moyenne deux heures six minutes pour le questionnaire préformation et une heure 48 minutes pour le questionnaire post-formation.
Avant la formation, une grande majorité des répondants se considéraient déjà comme confiants ou très confiants à accomplir certaines activités (tableau 2). C’est pourquoi les proportions de répondants se considérant seulement comme très confiants à effectuer les interventions ciblées par l’étude, avant et après la formation reçue, ont été analysées de façon distincte (tableau 3). Les données incluses dans le tableau 3 montrent que les proportions varient grandement. Sur les 46 activités combinées ensemble, une proportion moyenne de 16,7 % des répondants se considéraient déjà comme très confiants avant la formation, comparativement à une proportion moyenne de 38,8 % après la formation.
Tableau I Caractéristiques des répondants aux questionnaires pré- et post-formation
Avant la formation, les répondants ont répondu majoritairement être déjà très confiants pour seulement deux activités, soit la diminution de la dose d’un antidiabétique en raison d’un effet indésirable (93 %) et le choix d’un traitement optimal pour l’insomnie (89 %). À l’inverse, les proportions de pharmaciens très confiants étaient inférieures à 5 % pour l’ajustement de la dose en vue de l’atteinte des cibles du traitement pour l’asthme et en MPOC, les choix de traitement optimaux pour l’asthme, la réalisation des visites au domicile des patients, la prescription de médicaments, l’intervention auprès du prescripteur pour optimiser l’adhésion au traitement, l’évaluation de la qualité de l’information dans les écrits scientifiques, la participation active aux rencontres multidisciplinaires, la présentation à une réunion scientifique et l’enseignement informel à d’autres professionnels de la santé sur une maladie courante.
Tableau II Proportion des répondants se disant confiants ou très confiants à accomplir les interventions ou activités spécifiques en GMF, avant et après la formation continue
La différence entre la proportion de répondants se disant très confiants avant et après la formation était statistiquement significative pour 20 activités. Parmi les activités pour lesquelles les réponses ont montré la plus grande augmentation du pourcentage de participants se disant « très confiants » après avoir suivi la formation alors qu’ils ne l’étaient pas avant, on note la prescription d’analyses de laboratoire pour la surveillance du traitement hypolipémiant (augmentation de 45 points de pourcentage), l’ajustement des doses pour l’atteinte des cibles du traitement hypolipémiant (augmentation de 41 points de pourcentage), le choix du traitement hypolipémiant optimal (augmentation de 48 points de pourcentage), la diminution de la dose du traitement antihypertenseur en raison d’effets indésirables (augmentation de 41 points de pourcentage) et le choix d’un antidiabétique et d’un antihypertenseur optimal (augmentations de 40 points de pourcentage).
Pour ce qui est de la mise en situation complexe, évaluée par le formateur à l’aide d’une grille préétablie de correction, le score moyen des répondants est passé de 39 % à 53 %. Dans le cadre du questionnaire préformation, les réponses étaient davantage axées sur une discussion avec le médecin, alors qu’en post-formation, elles étaient davantage axées sur une discussion avec le patient et la mise en application d’un processus de décision partagée. De plus, une variation a été constatée dans la longueur des réponses. Enfin, les proportions de répondants ayant mentionné une augmentation d’au moins un degré de confiance variaient de 22 à 67 % et sont présentées dans le tableau 4.
L’objectif principal de ce projet était d’évaluer l’influence d’une formation longitudinale sur la confiance perçue des pharmaciens à effectuer diverses activités professionnelles parmi certains champs thérapeutiques. Les résultats semblent indiquer qu’une grande majorité des pharmaciens se considéraient déjà comme confiants ou très confiants à accomplir certaines activités, mais que la formation a tout de même augmenté leur degré de confiance pour plusieurs des activités cliniques ciblées par le projet.
L’analyse des données démontre une grande disparité en fonction des champs thérapeutiques dans le degré de confiance et l’amélioration de celui-ci après la formation. Ainsi, pour l’asthme et la MPOC une faible proportion de participants se disaient très confiants à choisir ou à ajuster un traitement avant la formation. Toutefois, la formation leur a permis d’améliorer leur confiance, qui demeurait tout de même sous-optimale. Ce résultat pourrait s’expliquer par le fait que les cibles de traitement sont peu spécifiques, que l’adhésion au traitement est plus difficile à gérer, l’intérêt des professionnels à s’investir dans le traitement de ces maladies est possiblement faible ou que la formation reçue est insuffisante25,26.
Tableau III Proportions des répondants se disant très confiants à effectuer certaines activités professionnelles avant et après la formation
Aussi, bien que nous ayons observé une augmentation du degré de confiance en moyenne pour la prise en charge de la douleur chronique, cette hausse s’est avérée faible, surtout en ce qui a trait au choix de traitement optimal. Nous n’avons pas trouvé d’explications potentielles dans la littérature, mais la complexité du sujet et l’approche pédagogique employée pour cette séance pourraient être en cause.
Tout type d’activité confondu, c’est dans le cadre du traitement des dyslipidémies que nous avons constaté la plus grande proportion de pharmaciens ayant augmenté leur confiance d’au moins un degré après la formation (augmentation d’au moins un degré de confiance de 44 à 67 % parmi les trois questions sur les dyslipidémies). L’influence de la formation sur la capacité du pharmacien à prendre en charge les patients traités pour une dyslipidémie peut possiblement s’expliquer par la qualité des données scientifiques sur ce sujet, l’existence d’outils d’aide à la décision efficaces ou encore l’éventail plutôt restreint d’options de traitement.
Tableau IV Proportion de participants chez qui le degré de confiance a augmenté d’au moins un échelon après la formation reçue
L’analyse sommaire des résultats liés aux activités autres que la prise en charge clinique (p. ex. : participation active à des rencontres multidisciplinaires, capacité de communiquer un plan de soins à d’autres intervenants, évaluation de la qualité des écrits scientifiques ou encore contribution à des projets d’amélioration de la qualité des soins) montre que la formation ne semble pas avoir contribué significativement à l’amélioration du degré de confiance des participants. Ces activités faisant partie d’un ensemble de compétences transversales, il est possiblement plus difficile d’améliorer rapidement ou après une seule formation son degré de confiance par rapport à ce type d’activités. Les objectifs de la formation ou les méthodes pédagogiques employées n’étaient peut-être pas assez axés sur le développement de ces compétences.
La moyenne des résultats obtenus pour la question à développement liée à une mise en situation complexe est faible, mais les résultats se sont améliorés et varient grandement d’un répondant à l’autre. Le degré d’engagement des pharmaciens à résoudre cette mise en situation complexe pourrait en partie expliquer l’écart dans les résultats. Le délai plus court pour remplir le sondage après la formation pourrait s’expliquer par le fait que les répondants connaissaient bien les questions qui étaient les mêmes que celles de la préformation.
Le faible effectif de l’étude (27 pharmaciens ayant rempli les deux questionnaires) ainsi que le devis de l’étude limitent sa puissance et la portée de nos résultats. Un biais de subjectivité est également possible, car l’évaluation prend la forme d’une autocritique. Par conséquent, la réponse peut être influencée par l’interprétation du répondant. Le questionnaire utilisé a été mis au point par l’équipe et n’a pas fait l’objet d’une validation. La mise en situation qui y est incluse n’a été corrigée que par une seule personne, à partir d’une grille de correction non validée. Cette personne était le formateur et connaissait le temps de mesure (pré- et post-formation). Le recours à des questionnaires validés serait utile dans des projets d’évaluation ultérieurs. Enfin, le degré de confiance estimé ne se traduit pas nécessairement par une compétence accrue ou une fréquence plus élevée d’interventions.
Ce projet semble indiquer qu’une formation conçue pour une clientèle spécifique, soit les pharmaciens œuvrant en GMF, améliore la confiance de ces derniers à accomplir plusieurs activités professionnelles même s’ils avaient déjà un degré de confiance assez élevé au départ. Les améliorations notées varient grandement d’un thème clinique à l’autre ou d’un type d’activité à l’autre.
Des projets ultérieurs pourraient comporter des entrevues semi-dirigées et des questionnaires à réponses ouvertes afin d’identifier les forces, les limites et l’influence de la formation sur la pratique professionnelle des pharmaciens. Une estimation à plus long terme de l’influence de la formation sur la fréquence et le type d’activités professionnelles en GMF pourrait aussi être pertinente. Néanmoins, les résultats de ce projet fournissent des pistes de solution pour améliorer la formation destinée aux pharmaciens en GMF et pour concevoir de nouvelles formations ciblées.
Les auteurs ont reçu du financement pour effectuer cette étude. En effet, ce projet a été mené grâce à une bourse du Cercle du doyen de la Faculté de pharmacie de l’Université de Montréal.
Tous les auteurs ont soumis le formulaire de l’ICMJE pour la divulgation de conflits d’intérêts potentiels. Les auteurs déclarent n’avoir aucun conflit d’intérêts lié au présent article.
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