L’usage hors indication des médicaments en pédopsychiatrie : un phénomène d’une ampleur insoupçonnée

Auteurs-es

  • Jean Rémi Valiquette Pharmacie Félice Saunier
  • Guillaume Lemay Pharmacie Aline Richard
  • Donavan Nguon Pharmacie Élie H. Assal
  • Estelle Paquette Pharmacie Louis Allard et Gaétan Couillard
  • Ke Jie Wen Pharmacie Michèle Favreau et Pierre-Jean Cyr
  • Louise Rousseau Hôpital Rivière-des-Prairies

Mots-clés :

Médicaments hors indication, pédopsychiatrie, réglementation, Child psychiatry, off-label drugs, regulation

Résumé

Résumé

Objectif : Réaliser la première étude canadienne évaluant l’usage hors indication des médicaments à visée psychiatrique auprès d’une clientèle hospitalisée en pédopsychiatrie.

Mise en contexte : Les patients de pédopsychiatrie sont vulnérables. Comme en psychiatrie adulte, ils sont touchés par lesdifficultés d’accès géographique aux soins et spécifiquement par le développement inéquitable des connaissances issues de la recherche donnant accès aux nouveaux médicaments.

Résultats : Le taux de prescriptions hors indication était de 83 % pour les 872 prescriptions s’appliquant aux 210 enfants de moins de 18 ans admis à l’Hôpital Rivière-des-Prairies (HRDP) du 1er avril 2012 au 31 mars 2013. Cent pour cent des prescriptions d’anticonvulsivants, d’antidépresseurs, d’anxiolytiques / de sédatifs / d’hypnotiques et 99 % d’antipsychotiques étaient hors indication. Le taux n’était que de 14 % pour les antihistaminiques et de 5 % pour les psychostimulants. Le taux diminuerait à 47 % si les patients étaient adultes et il serait de 48 % si les indications approuvées aux États-Unis étaient aussi reconnues au Canada.

Discussion : La réglementation canadienne n’a pas réussi à inciter l’industrie à demander des indications en pédopsychiatrie pour refléter la réalité clinique de cette population. Pour le pharmacien, cela complexifie l’évaluation du rapport risques/avantages des médicaments prescrits.

Conclusion : Le pharmacien peut influer sur la volonté politique de modifier la réglementation s’il rapporte de manière transparente l’ampleur du phénomène. Il doit exercer une vigilance vis-à-vis de la déclaration d’effets indésirables, car les résultats d’études réalisées auprès des adultes ne peuvent être extrapolés pour l’enfant.

Abstract

Background: Child psychiatric patients are vulnerable. Like adult psychiatric patients, they are impacted by the unequal development of knowledge from research giving access to new drugs.

Objective: To evaluate the off-label use of psychiatric drugs in hospitalized child psychiatric patients.

Results: A number of 872 prescriptions were evaluated for off-label prescriptions in 210 children admitted to the Hôpital Rivière-des-Prairies (HRDP) from April 1, 2012 to March 31, 2013. Off-label prescription rate was 83%. One hundred percent of the prescriptions for anticonvulsants, antidepressants, anxiolytics/sedatives/hypnotics and 99% of those for antipsychotics were off-label. The rate was only 14% for antihistamines and 5% for psychostimulants. The rate would decrease to 47% if the patients were adults and would be 48% if the indications approved in the United States were recognized in Canada as well.

Discussion: Canadian regulations have not succeeded in spurring the industry to request child psychiatric indications to reflect the clinical reality of this population. For the pharmacist, this makes weighing the risks and benefits of the prescribed drugs more complicated.

Conclusion: Pharmacists can influence the political will to amend the regulations if they report the extent of the phenomenon in a transparent fashion. They should exercise vigilance with regard to the reporting of adverse effects, since the results of studies involving adults cannot be extrapolated to children.

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Publié

2015-06-09

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